J’ai constaté, à travers mon expérience auprès des jeunes, qu’il est essentiel pour eux de se sentir responsabilisés dans leur processus d’apprentissage.
Par exemple, ils doivent être encouragés à remplir eux-mêmes un seul document, récapitulant leurs points forts, leurs acquis et leurs qualités, tant dans le cadre de la formation que personnellement, notamment dans le cadre d’une activité sportive ou associative.
Exemples d’items positifs :
- L’an dernier, j’ai réussi à apprendre…(demander une seule chose).
- J’ai travaillé sur…(idem).
- Mes qualités, en tant que personne (puis en tant qu’apprenant), sont…(une seule qualité).
L’objectif est d’ancrer leurs réussites et de leur faire comprendre qu’ils sont des individus capables d’évoluer avant même d’être des apprenants.
Les documents doivent les valoriser en mettant en avant ce qu’ils savent déjà faire. Ces jeunes manquent souvent de confiance et de reconnaissance. Il est donc crucial de souligner avec eux ce qu’ils font bien et non l’inverse.
Dans un document de formation, indispensable pour eux, les acquis doivent être retracés et non les difficultés. Le titre doit être positif, par exemple “mon passeport pour…” ou “mon projet…”. Les items doivent également être formulés positivement ; il faut éviter les phrases et les mots à connotation négative. Par exemple, remplacer les “points négatifs” par “points à améliorer”. Le vocabulaire utilisé est très important pour eux.
Au collège, il est préférable d’éviter le terme de “décrochage scolaire” devant les autres élèves. Il est essentiel de communiquer avec les enseignants pour mettre fin à la stigmatisation des élèves en situation de décrochage. Si un dispositif d’aide est créé pour ce public, il est préférable d’utiliser des termes comme “mon avenir” ou “mon futur” pour désigner le dispositif.
Par expérience, j’ai compris que lors du premier entretien, il est crucial de rassurer les jeunes plutôt que de leur faire peur. Cet entretien initial doit être rassurant, comporter peu de questions (4 ou 5 maximum) et ne pas être trop intrusif (limiter les questions personnelles).
Lors de la première séance ou du premier entretien, je demanderais qu’une seule fiche soit remplie, de préférence ludique (avec des smileys par exemple), car elle est bien adaptée à ce public. Cette fiche ne doit pas avoir une connotation scolaire, afin de la rendre plus facile à remplir pour eux.
Les autres questions doivent être abordées progressivement au fil des séances. La confiance doit être déjà établie pour qu’ils aient envie de répondre honnêtement. Si l’entretien est trop intrusif, certains jeunes peuvent se bloquer et entrer en opposition avec l’adulte. Il est donc préférable de différer certaines questions à une autre séance.
Accepter de changer de formateur si cela ne se passe pas bien. La relation interpersonnelle joue un rôle déterminant dans ces dispositifs, il est donc primordial de la prendre en compte. Les jeunes évoluent positivement lorsqu’ils se sentent en sécurité et compris par l’adulte. Tous les adultes ne sont pas capables d’utiliser une pédagogie positive, il faut donc faire attention à qui l’on met en face des jeunes. J’ai eu quelques soucis avec des formatrices se croyant compétentes mais qui en réalité criaient sur un groupe de quatre jeunes, les mettant encore plus en difficulté.
Une fiche diagnostique est utile pour l’équipe pédagogique mais peut être difficile à accepter pour un jeune en difficulté. Je ne montre plus ce genre de documents aux jeunes pour ne pas les dévaloriser davantage, ces documents doivent être gardés précieusement entre adultes.
Il est important d’accepter les critiques que les jeunes peuvent formuler sur les cours, les exercices et les méthodes pédagogiques. Il faut leur montrer l’exemple en termes de remise en question. Nous ne sommes pas parfaits, et il est essentiel de savoir écouter leurs retours, car cela fait également partie de notre mission.
MÉMO & CONSEILS SUR CES DISPOSITIFS POUR JEUNES EN DIFFICULTÉS
RASSURER : leur dire qu’ils sont capables d’apprendre, de trouver un projet, de s’intégrer dans un groupe
DÉDRAMATISER L’APPRENTISSAGE : on finit tous par y arriver, on est tous capables de quelque chose de bien ! Il faut leur dire et leur répéter. Ils n’en ont pas ASSEZ conscience.
PARLER POSITIF : plus de phrases négatives utilisées; on part de ce qu’ils savent DÉJÀ, de ce qu’ils ont déjà appris.
ÊTRE HONNÊTE : c’est difficile d’apprendre, d’évoluer, de changer (même quand on est adultes !) et c’est normal que l’on trouve cela difficile. S’intégrer dans un groupe demande des négociations avec soi pour s’adapter, apprendre demande de la patience etc….
SE FORMER sur les résistances aux changements
Sources
Brigitte Prot, conférencière sur le décrochage scolaire
Edith Tartar “les compétences sociales des ados”chez Retz = UNE BIBLE, pour le décrochage, avec beaucoup de supports pédagogiques très bien rédigés. Une mine d’or… Je vous le conseille